Chronique du Havane à travers le temps

La découverte du tabac

Des fouilles ont permis d’établir que, vers 300 av. J.C., les Mayas du Honduras, en Amérique centrale, faisaient fermenter les feuilles de tabac en les enterrant. Puis, en 1492, le navigateur Christophe Colomb, persuadé d’accoster « aux Indes », débarqua aux Bahamas. Un mois plus tard, plus au nord, le voici à la pointe est de Cuba. Deux de ses hommes racontent avoir vu des Indiens Taïnos tenant des herbes allumées par des charbons « pour en aspirer le parfum ». Par plaisir ? Oui, à en croire les premiers rapporteurs, tel le prêtre Bartolomeo de las Casas. Dans les cales de la flotte de Colomb, la plante vogue vers la civilisation. Après l’Espagne et le Portugal, elle gagne, un peu plus tard, l’Hexagone.

Les premiers cigares

En 1676, les Espagnols en font rouler dans leurs manufactures de Séville à partir de feuilles importées de Cuba. Mais les amateurs avertis réalisent que ces mêmes feuilles, roulées aux Caraïbes, donnent des cigares bien meilleurs. Faire voyager le tabac, une mauvaise idée ? Toujours est-il que se développent peu à peu à Cuba les « chinchales », ces minuscules ateliers où l’on répond à la demande locale, mais aussi à certaines commandes passées par le continent américain et l’Europe. En 1855, naît le mythique havane. Le monde entier sollicite sa divine fumée. Des grossistes accourent de New York, Paris, Londres ou encore Hambourg pour s’approprier le meilleur de la production. A la fin du XVIe siècle, l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, l’Espagne, la France, la Hollande et le Portugal sont convertis au tabac grâce à l’intensification du commerce maritime. Le continent entier succombe bientôt à la tentation du cigare, qui garnit les cales des bateaux de retour des îles. Sir Winston Churchill incarne toujours avec force et magnificence le cigare et son merveilleux rayonnement.

Fumer le cigare, c’est comme tomber amoureux. D’abord on est attiré par la forme; on reste pour sa saveur et on doit se souvenir de ne jamais, jamais laisser la flamme s’éteindre ! Winston Churchill